PAROISSE DES 2 RIVES
ST-MAURICE 07.01.2012 – LAVEY-VILLAGE 08.01.2012
Matthieu 2. La visite des mages.
PREDICATION
Dans ce récit sur la visite des mages, pas de rois, plutôt des savants, astronomes.
Dans ce récit il y a deux histoires… celle qui se passe dans la recherche des mages… et celle qui se passe dans la tête d’Hérode et son entourage.
Deux histoires, deux perceptions différentes.
Deux géographies aussi, celle qui appartient à Hérode, la Palestine, le lieu ou le Messie est attendu… et celle qui appartient aux mages, qui symbolisent, eux, le monde non juif, le monde des païens, c’est l’universalité qui se trouve exprimée ici.
La géographie de Jésus, son territoire ira plus loin, Jésus va dépasser les frontières. Sa naissance ne concerne pas seulement un peuple. Mais tout le monde.
Si le peuple d’Israel attend le messie, le libérateur, les mages sont a la recherche d’un sauveur qui concerne tous les peuples… bien que… ils arrivent en demandant pour le roi des juifs… bien que leur quête, universelle, soit exprimée en termes politiques. Le sauveur est roi des juifs. Il y a une ambigüité dans leur manière de demander. C’est ce qui va inquiéter Hérode, jaloux de son pouvoir, et qui n’est pas prêt à le perdre.
Il y a un détail dans le texte auquel je veux m’arrêter. Le texte grec dit que les mages arrivent en « disant » dans les rues de Jérusalem… « où est le roi des juifs qui vient de naitre ». Ils arrivent en disant. C’est encore une de particularités de cette langue grecque. Le même mot est utilisé pour une question. Nous, nous disons, ils arrivent… et ils demandent… Le texte dit… ils arrivent… en disant.
Cette nuance, que si vous voulez est moindre, qu’on pourrait considérer sans importance nous amène, cependant, a comprendre les choses d’une autre manière.
Dans les mages, dans leur quête, il n’y a pas seulement une interrogation, une question qui révèle de l’ignorance de leur part. Chez les mages il y aussi, et déjà une annonce, ils sont porteurs d’une nouvelle. Ce n’est pas seulement l’ignorance qui pousse les mages, bien plus, c’est une espérance qui les fait avancer, qui les a mis en route depuis l’orient. Et tout en demandant ils la partagent. C’est la certitude qu’une promesse vient de se réaliser. Et ils le disent déjà, ils l’annoncent déjà, ils le font savoir dans les rues… aux gens du peuple en qui réside l’espérance de la venue du Messie libérateur.
L’attente des mages se dit, s’exprime, là ou elle est plus partagée, dans le peuple qui attend la libération.
La naissance de ce roi des juifs vient inquiéter Hérode. Il sait qu’il est un usurpateur. Sa royauté est contestée. Le peuple attend le Messie, attend un roi légitime, qui vienne pour libérer, et pas pour se plier aux romains. L’inquiétude d’Hérode s’exprime par ses paroles. Hérode fut troublé dans son cœur, et toute Jérusalem avec lui…
Et, puis, nous voyons comment Hérode… voilà qu’il réunit son conseil… les hommes de science, les hommes de lettres, les théologiens, les prêtres… C’est significatif, n’est-ce pas… eux n’on pas vu l’étoile. Ils n’on pas su reconnaitre les signes.
Le Méssie est né, et par contre, pour eux il n’est guère plus qu’une référence de l’écriture. Eux ils ne savent rendre compte que de ce qui est écrit. Ne savent pas, et ne voient pas plus que ce qui est dans les livres. Il n’y a pas d’espérance en eux. Seraient-ils l’image qui nous rappelle les fois où les religions, ou la religion, ou le christianisme a finit par être au service des pouvoirs politiques ?. Les églises qui oublient d’apporter une parole prophétique.
La venue du Messie est reconnue, est annoncée à des bergers, et à des mages qui viennent du monde païen. Les autres, vides d’espérance, tout au plus ils savent donner à Hérode une référence biblique.
Le peuple attend. En lui réside une espérance. Les mages cherchent l’accomplissement d’une promesse qu’ils ont pu lire dans l’étoile. Les savants, les juristes, les scribes, les prêtres du temple, eux… ils lisent les textes… ils font des élucubrations scripturaires… apparaissent plutôt comme des personnages adscrits au régime… ils sont du coté du pouvoir.
Arrivés à ce point, je vous propose de nous arrêter à réfléchir sur nos regards en ce qui concerne Dieu et sa présence dans notre vie.
Nous disons que Dieu nous parle à travers sa Parole, la Bible. Bien sûr, par l’Ecriture vivifiée par l’Esprit Saint. Là, Dieu nous parle, il arrive vers nous. Et nous l’écoutons. Certes. Par la lecture de la Bible nous connaissons Dieu et Jésus-Christ, source de toute sagesse « ou presque », dit Calvin au début de son Institution. C’est un des regards que nous portons vers Dieu, à travers sa Parole.
Mais… nous savons que nous pouvons devenir de grands connaisseurs de la Bible, et par contre perdre l’Esprit qui veut souffler à travers elle. La lettre tue l’Esprit qui lui vivifie.
Nous savons aussi que notre certitude sur la présence de Dieu vient aussi par un autre regard. Celui que nous projetons vers notre passé. Combien de fois nous pouvons dire. « Jusqu’ici Dieu m’a accompagné ». Il a été là lors d l’épreuve. Et nous pouvons voire des signes de sa présence au cours de notre vie et dans notre présent lorsque nous sentons qu’il est là à renouveler nos forces au sein de nos faiblesses, à nos raffermir dans la foi, à renouveler notre charité. Lorsque nous voyons des signes de sa grâce qui nous libère. Qui nous aide à tenir nos engagements pour la vie.
Dieu nous parle donc par la Bible, nous reconnaissons sa présence lorsque nous regardons en arrière.
Et avec les mages, ne pouvons-nous pas ajouter un autre regard ?. Les mages suivent une étoile. Mais ce que nous avons vu c’est que ils son porteurs d’une promesse et tout en demandant ils la partagent avec d’autres. Ils sont en quête d’un événement d’espérance.
Ils ne viennent pas seulement pour « observer » un phénomène astronomique. Ils sont porteurs d’une promesse: Voir et adorer le Messie.
Ce qui vraiment se produit lorsqu’ils le trouvent, dans une étable. Ils ne trouvent certes pas un roi. Ils reconnaissent le sauveur, eux qui n’avaient pas les textes. Le récit dit qu’ils se prosternent. J’aime bien la version de Sebastien Castellion qui dit que « ils se jettent à terre et l’adorent ». Cette expression qui renforce encore plus le geste d’humilité, la reconnaissance du sauveur en Jésus.
Le troisième regard que nous pouvons avoir en ce qui concerne Dieu et sa présence dans notre vie c’est le regard de la promesse. Lorsque nous regardons vers l’avenir. Lorsque nous nous demandons sur notre vie.
Lorsque nous regardons vers nos lendemains, que nous puissions le faire de telle sorte que nos questions, soient déjà habitées par la promesse. Dieu est à l’œuvre en notre faveur, toujours. Nous en avons la certitude. Par la lecture de la Bible nous connaissons cette œuvre. Il la fait en Christ, en nous donnant son Fils.
Nous savons qu’il a été et il est à nos côtés par les signes que nous avons de sa présence dans nos vies, et nous pouvons, donc être porteurs de cette promesse dans notre regard vers le futur.
La Bible n’est pas lettre morte.
Le passé n’est pas un souvenir que nous devions regarder seulement avec nostalgie.
Le futur, n’est pas une perspective qui susciterait en nous que des doutes ou de l’ignorance, donc de la peur.
Avec la Parole vivifiée, avec le témoignage d’un passé où nous reconnaissons les pas de notre Dieu, nous pouvons aussi, porter un regard vers l’avenir fondé dans la promesse de Dieu en notre faveur.
Les mages quittent l’Orient pour aller à la rencontre du sauveur et lorsqu’ils peuvent voir l’étoile ils sont remplis de joie. Que nous puissions partager cette joie.
Que le Christ devienne notre étoile dans la vie. Qu’il fonde les promesses de Dieu pour nous. Pour que l’avenir ne soit pas seulement une source d’inquiétude, mais aussi un lieu vers lequel nous nous avançons et pour le quel nous pouvons déjà annoncer aujourd’hui les fidélités, et les bontés de Dieu en notre faveur.