PRIMER DIUMENGE D'ADVENT - PREDICACIO A LAVEY

2 RIVES .
1er dimanche de l’avent
27 novembre 2011

Lectures :
Esaïe 63,1 – 64,7.

PREDICATION

Chers frères et sœurs. C’est l’Avent. Aujourd’hui. 1er dimanche. Temps d’attente. Nos cœurs se préparent, ils accueillent la joie qui se renouvelle chaque année en regardant vers noël. Temps d’attente, chaud à l’intérieur, et froid aussi, oui, par tant de choses, il y a l’hiver, bien sur, et les circonstances…, les difficultés…, les bruits de crise.

Je me souviens que j’ai demandé à Chantal, au mois de juin, lorsque nous sommes venus pour la présentation, qu’en était-il ici de la crise. Elle m’a dit qu’on sentait peu la crise. Certainement. Comparé à d’autres pays la Suisse reste un lieu moins touché. Mais… tout de même. Il y a crise.

Jeudi dernier j’écoutais une dame, qui parlait des difficultés qu’il y a pour les paysans. Le peu de valeur qu’on donne à leur travail, les prix de vente trop bas, les dépenses qui augmentent, l’outillage, etc. Certes, il y a crise.

Et dans ce monde global, où nous sommes informés à l’instant de ce qui arrive à l’autre bout de la planète, bien qu’en Suisse les difficultés soient moindres…, nous ne pouvons pas nous soustraire de ce qui arrive ailleurs. Car dans ce monde globalisé, la paix, la sécurité, l’équilibre d’ici, dépend aussi que nos pays voisins, et aussi lointains, puissent sortir d’une crise qui a l’air de ne pas être pressée de partir.

Aujourd’hui, novembre 2011. Nous commençons notre temps de l’Avent, a vrai dire, avec cette autre attente. Nous regardons et nous écoutons le monde, et au fond, nous attendons, oui, que les choses s’améliorent. Nous attendons que les journaux commencent à nous donner de bonnes nouvelles. Nous attendons…, dans un monde qui attend, des solutions, des changements, des nouvelles recettes, économiques, sociales, qui tardent à venir.

Nous avons écouté ce texte du prophète Isaïe, un texte qui se rapporte au temps de l’Exil, lorsque le peuple se trouve déporté en Babylone, au 7ème siècle av. J.C.

L’Exil, est un temps d’épreuve. Le peuple éloigné de la terre, de ses terres, de tout ce qui lui donnait sécurité. C’est l’élite du peuple qui a été déportée. La classe privilégiée, les artisans, les prêtres, les dirigeants. Ils ont du tout laisser : leurs terres, leurs maisons, leurs palais, leurs ateliers, leur confort, leur temple, lieu de rencontre avec Dieu. Ils ont du apprendre à perdre. Tout quitter. Pour aller vers une autre terre, vers un autre pays, pour côtoyer une autre culture, d’autres religions.
Pour le prophète c’est l’heure d’une grande détresse. A tel point qu’il se produit même comme une sorte de détachement vis-à-vis de la « tradition juive ». Même la tradition ne sert plus à rien. Voyez : « Abraham ne nous connait pas, Israël ignore qui nous sommes ». Les pères de la foi ne sont plus là pour aider.

Il ya a un tel sentiment d’abandon de la part du peuple, la situation est tellement critique que le père, ce n’est plus Abraham, ce qui constitue la sécurité du peuple n’est plus dans le passé, n’est plus dans les pères de la foi ou de la nation.

Pour le peuple de Dieu, l’épreuve est aussi spirituelle car au milieu des autres nations, avec Dieu qui agit en leur faveur, malgré cela, le peuple aussi peut tomber en infidélité. Il y a aussi l’alternance. Le texte rappelle que même le peuple de Dieu est rebelle, qu’il passe successivement de la fidélité à l’infidélité. … « Mais ils ont été rebelles, ils ont attristé son Esprit Saint ».

Tout y est en temps de crise. Il y a les nations, il y a l’histoire, les événements qui tournent à la faveur ou contre le peuple, mais il y a aussi le peuple, qui s’égare. Tout ne dépend pas des autres. Tout ne dépend pas d’un dieu qui privilégie un peuple.

Le peuple d’Israël est appelle aussi à une responsabilité, a une fidélité. En tout temps, en toute crise, à chacun sa part, a chacun sa tache. Personne ne reste à l’écart. Tout le monde est appelle a accomplir son œuvre, pour s’en sortir.

La situation pour les déportés est critique : Isaïe parle d’un peuple sans gouvernement, qui ne se sent plus appelé. C'est-à-dire qui n’entend plus la voix de Dieu. Qui n’entend plus sa parole de vie. Un peuple qui se sent abandonné. Et même, et c’est là le comble du désarroi ! Même un Dieu qui durcit le cœur de son peuple « Pourquoi, ô Éternel, nous fais-tu errer loin de tes voies, Et endurcis-tu notre cœur contre ta crainte? ». Il durcit le cœur et met dans l’errance, loin du chemin de l’intégrité et de la rectitude.

C’est Dieu qui durcit le cœur. Curieux, non ?. Finalement, il est responsable même de l’infidélité du peuple. Qu’est-ce qu’il y a là ? Une compréhension de Dieu comme celui qui est derrière tous les événements, même derrière les infidélités du peuple ? comme pour dire qu’il a l’histoire dans ses mains et que tout arrive, bonheur et malheur selon sa volonté ?.

Probablement, et alors, c’est là où devient encore plus exemplaire la détermination avec la quelle le prophète affirmera, et proclamera, haut et fort. « Tu est notre Père ». Car avec l’affirmation d’un Dieu qui durcit le cœur de son peuple, nous trouvons une autre affirmation qui redouble de fidélité à ce Dieu : Malgré le désarroi, malgré la crise spirituelle, même avec notre cœur durci, éloignés de notre terre et de ton Temple, « Tu est notre Père ».

Dans le désarroi, pour ce peuple qui a perdu racine, tout d’un coup, une certitude : Tu es notre Père. Lorsqu’Abraham ne nous connait pas. Et Israel nous ignore, toi tu nous connais et nous avons de la valeur à tes yeux. Au milieu du chamboulement de l’exil : Dieu reste. Nous pensons à Job qui reste fidele à Dieu malgré tous les malheurs qui s’accumulent sur lui.

Vous voyez, cette situation du peuple en exil, me ramène aussi au temps que nous vivons. Car… notre société, ou les sociétés occidentales, le monde en somme, n’est-il pas comme en exil ?.

C’est un temps de changements que nous vivons, changements à venir, aux quels nous serons forcés…, changements pas souhaités, mais probablement nécessaires. Les recettes d’avant ne servent plus. Les politiques traditionnelles s’avèrent usées, inutiles, dépassées. Il faut emprunter de nouveaux chemins pour ce monde pour mieux gérer, les biens, l’argent, la terre, et ses ressources.

Et dans cette crise qui met ce monde en exil de surabondance et de sécurités passées. Lorsque nous entendons des bruits d’instabilité sociale, de révoltes, de peuples qui se lèvent. Nous sommes invités à renouveller cette confession de foi : Tu es notre Père. Dieu reste.

C’est la foi qui se rattache à l’essentiel, la foi qui se ressource en Dieu, et en Dieu seul, un Dieu proche. Dans la mouvance de cette foi, le prophète aussi parle des bontés que Dieu a eues envers son peuple. Le texte devient louange, nous rappelle certains psaumes. « Je publierai les grâces de l`Éternel, les louanges de l`Éternel, D`après tout ce que l`Éternel a fait pour nous; Je dirai sa grande bonté envers la maison d`Israël, Qu`il a traitée selon ses compassions et la richesse de son amour ».

Dans la mouvance de cette foi Dieu est un Père qui a des entrailles, capable de sentir, de ressentir, de s’émouvoir, et d’avoir de la compassion..
« Le frémissement de tes entrailles et tes compassions Ne se font plus sentir envers moi. »
Le Dieu qui reste, qui est comme un Père, qui a des entrailles, qui est miséricordieux, peut intervenir, peut agir, il est fort, devant lui, tout tremble, même les montagnes, même les obstacles qui paraissent insurmontables. C’est le Dieu de l’histoire. Tout est dans ses mains. Il y a toujours place pour l’espérance.

En tout lieu, et en tout temps, sous toute circonstance, nous sommes invités à faire mémoire de ce Dieu. Comme le peuple de Dieu qui est appelle à se souvenir des événements par les quels Dieu l’a sauvé et l’a libéré tout au long de l’histoire.

En tout lieu, et en tout temps, la mémoire des miséricordes de Dieux dans notre chemin nous fait rentrer en fidélité.

En tout temps, en tout lieu, nous sommes invités à retrouver cette confession de foi : « Tu es notre Père ». Et raffermir notre attente et renforcer nos efforts de cette confiance.

En tout temps, en tout lieu, nous pouvons témoigner de cette espérance. Nous ne nous laissons pas décourager dans ce monde en exil, et nous témoignons du Dieu proche, qui nous donne un sentiment d’appartenance, de filiation qui nous sauve de tomber dans le découragement ou la désorientation. Avec ce Dieu, dans sa confiance, il aura toujours de nouveaux chemins à prendre, et, même si ces chemins sont étroits, même si il y a des obstacles, il sera là à nos cotés pour nous aider à les dépasser.

Tel est aujourd’hui notre Avent.

Pour cet Avent, dans notre attente de solutions, dans notre attente de nouvelles sécurités pour ce monde, nous sommes invités à redoubler de confiance avec l’attente du Dieu qui agit en notre faveur en nous envoyant Jésus, son fils, le Christ. En lui il vient, il s’approche, il est en chemin vers nous. En lui il est présent. Par lui il nous connait, par lui notre vie devant lui prend de la valeur.

Le texte d’Isaïe commence par nous dépeindre un libérateur, sous des traits violents, sanglants, emporté par la colère, qui foule et piétine les peuples, qui souille ses vêtements avec le sang des peuples. Ce libérateur n’est autre que Cyrus, le roi des perses, qui va délivrer le peuple et va lui permettre de rentrer vers son pays.

Pour le peuple de Dieu ce qu’il y a là est le Dieu des nations, qui a l’histoire des peuples dans ses mains, maître du temps, des âges et des siècles, et qui agit en faveur de son peuple.

De ce début, permettez-moi de retenir, ce qu’il dit à propos de la solitude de celui qui vient pour sauver. Il est seul au monde : « Nul homme d’entre les peuples n’était avec moi ». « Je regardais, et personne pour m`aider; J`étais étonné, et personne pour me soutenir ». Je retiens cette image, image sanglante d’ailleurs, parce qu’elle me fait penser au Christ. Jesús, celui qui vient, pour sauver, et qui meurt seul, sur la croix.

Sur la croix se fait un acte de justice, un acte de salut, non pas avec le sang des peuples, mais avec son propre sang ; non pas pour un seul peuple, mais pour quiconque croît en Lui.

Cette image de vêtements souillés nos fait penser au Christ qui prend sur lui le péché du monde, qui se souille pour nous libérer de nos infidélités. Qui meurt pour nous manifester l’amour sans conditions de Dieu, notre Père, qui nous connait, et qui à de l’intérêt pour nous, pour notre monde, et qui nous donne toujours en lui, un avenir et une espérance.